Jusqu’au 14 janvier, le Musée du Luxembourg présente l’exposition « Rubens, portraits princiers ». Une occasion de découvrir une facette peut-être plus méconnue de ce peintre, celle de ses relations avec les puissants au travers des portraits qu’il réalise d’eux.
Le regard porté par l’exposition sur Pierre-Paul Rubens est celui d’un homme qui a beaucoup voyagé, en familier des cours européennes. Il effectue tout d’abord un voyage en Italie, étape incontournable dans la formation des jeunes artistes. Remarqué par le duc de Mantoue, il reste dix ans à son service et l’accompagne dans ses déplacements. Sitôt rentré en Flandres, il devient le peintre officiel des archiducs, avant d’être mandaté à la cour de Madrid pour y réaliser des portraits des membres de la famille royale. Entre-temps, il reçoit de nombreuses commandes de la reine Marie de Médicis, avec qui il conçoit un fastueux programme iconographique à sa gloire. Rubens peint pour elle jusqu’à sa propre mort, en 1640, à Anvers, et laisse derrière lui une cinquantaine de « portraits princiers ».
Rubens, portraitiste des rois donc. De ses premiers portraits d’enfants à l’air grave de la famille ducale de Mantoue, des multiples représentations de l’archiduchesse des Flandres en costume de veuve, aux portraits de Marie de Médicis, c’est l’intimité des grands qu’il offre à nos yeux. Car, certes, il s’agit de portraits officiels, mais les longues séances de pose, inhabituelles pour l’époque, sont l’occasion d’entrer dans la confidence de ses nobles sujets. Rubens est aussi le témoin d’une atmosphère de cour, il dépeint la sévérité des costumes noirs des Habsbourg face au bleu profond constellé de joyaux de la robe de la toute jeune reine de France Anne d’Autriche. Enfin, plus qu’un peintre officiel, c’est un véritable rôle d’ambassadeur que joue Rubens. Par sa formation humaniste, il est un homme cultivé, qui connaît les jeux de pouvoir de son temps. Il peint les fastes des cours, mais plus que cela il les organise. C’est lui qui accompagne Marie de Médicis lors de son mariage par procuration, avant sa rencontre avec Henri IV, lui qui met en scène la « Joyeuse entrée » du cardinal-infant Ferdinand, nouveau gouverneur des Flandres, en 1635.
Les œuvres ainsi exposées, très expressives, montrent le talent d’un peintre qui a su combiner sa charge de portraitiste des cours européennes à celle de diplomate au service de la paix, dans une Europe encore ravagée par les guerres de succession.
Portrait d’Anne d’Autriche, reine de France (détail), vers 1622-1625, huile sur toile © Rmn-Grand Palais
Portrait d’Isabelle Claire Eugénie de Habsbourg, gouverneur des Pays-Bas espagnols © Archives Alinari, Florence
Eléonore de Gonzague à l’âge de deux ans, vers 1600-1601